Le syndrome de Diogène est un trouble d’accumulation qui amène souvent à une négligence de l’hygiène corporelle mais également du logement. Ce syndrome est la conséquence de troubles comportementaux qui sont dus à différentes pathologies.
Il existe 5 troubles psychiatriques majeurs
• Les troubles bipolaires : ils se caractérisent par une variation anormale de l’humeur, avec l’alternance de deux phases d’où le nom “bipolaire”.
Auparavant appelé “psychose maniaco-dépressive”, la personne peut vivre une période d’excitation (épisode maniaque) suivi d’une période de dépression profonde.
Ces épisodes sont entrecoupés de périodes de stabilité qui varies en temporalité d’une personne à une autre. L’intensité et la durée des épisodes d’excitation et de dépression varient selon les individus. Selon une étude publiée en 2018, les troubles bipolaires sont souvent associés à des troubles anxieux et à des comportements addictifs.
Les troubles bipolaires peuvent avoir des conséquences sur la vie sociale, affective, familiale et professionnelle de la personne. Le logement peut également être négligé dans les épisodes de dépression principalement, ce qui entraine le reclus total de la personne.
• La schizophrénie : trouble psychiatrique appartenant à la classe des troubles psychotiques qui affectent la pensée, les sentiments et les émotions sans pour autant affecter l’intelligence. Cette pathologie est très invalidante et relativement fréquente.
Elle débute principalement chez l’adolescent ou le jeune adulte entre 15 et 30 ans mais peut exceptionnellement apparaitre pendant l’enfance ou après 30ans.
A l’échelle mondiale, la schizophrénie touche 1% de la population ce qui en fait une pathologie fréquente.
Une personne atteinte de schizophrénie peut éprouver des difficultés à aller vers son entourage, être envahie par des impressions étranges en entendant des voix qui, bien que n’existant pas réellement, font partie de sa réalité.
Les personnes ont beaucoup de mal à distinguer le réel de l’irréel en étant prisonnières de leurs hallucinations.
Elles peuvent avoir la conviction que certaines personnes leurs veulent du mal en percevant leur entourage comme hostile.
Il peut y avoir un désintérêt pour des choses habituelles comme l’habillement, le ménage, l’hygiène corporelle… Ce qui amène la personne à se replier sue elle- même et se comporter d’une façon étrange ou imprévisible.
La schizophrénie est reconnue comme étant le trouble le plus invalidant chez les jeunes. Elle touche sans distinction d’origines, de cultures, de croyances ou de niveaux sociaux économiques.
• La dépression : elle se caractérise par une association de symptômes, différente chez une personne à l’autre. En général, lors d’une dépression, la personne se plaint de plusieurs symptômes associés comme : une tristesse constante, une humeur dépressive qui dure presque toute la journée. Un abattement et une perte d’intérêt et de plaisir pour les taches de la vie quotidienne même celles qui sont agréables.
Une modification du poids en peu de temps est observé environ 5% en moins d’un mois.Le sommeil est souvent de mauvaise qualité, une dégradation générale des nuits entrainant une fatigue extrême.
Une fatigabilité anormale ou une réduction de l’énergie. La personne présente une fatigue intense, souvent dès le matin avec un manque d’énergie en permanence.
Un manque de confiance en soi et d’estime de soi avec un sentiment de dévalorisation qui entraine une culpabilité excessive et injustifiée.
Une vision de l’avenir et de la vie très négative avec des perspectives pessimistes avec parfois des pensées de suicide.
La dépression peut toucher tout le monde, il n’y a pas d’âge pour que celle-ci arrive dans une vie. La personne dépressive n’a pas toujours conscience de sa maladie et c’est l’entourage ou le médecin au cours d’une consultation qui évoquent un épisode dépressif.
• Les troubles anxieux : il existe plusieurs types de troubles anxieux :
➢ L’anxiété généralisée
➢ Le trouble de panique➢ Les phobies spécifiques
➢ L’agoraphobie
➢ Le trouble d’anxiété sociale
➢ Le trouble d’anxiété de séparation
Les symptômes sont très variables d’une personne à une autre, ils sont de nature soit psychologiques (irritabilité, impulsivité, peur irrationnelle, difficultés à se concentrer…) soit de nature physiques (troubles digestifs, maux de tête, douleurs, fatigue, insomnies, vertiges…).
Les personnes présentant ces troubles adoptent progressivement un comportement d’évitement du danger potentiel en refusant de se rendre dans certains lieux, d’effectuer certaines actions, d’aller à la rencontre d’autres personnes…
Une association fréquente avec d’autres troubles comme la dépression, les addictions, l’épilepsie est souvent observée. De plus, selon la Haute autorité de santé ces troubles sont deux fois plus élevés chez la femme que chez l’homme et 21% des adultes présenteront un trouble anxieux au cours de leur vie.
La vulnérabilité aux troubles anxieux résulte toujours de l’association de plusieurs facteurs :
➢ Génétiques
➢ Environnementaux
➢ Psychologiques
➢ Développementaux
L’impact de chacun de ces facteurs varie d’un individu à l’autre et, chez une même personne, en fonction des moments de leur vie.
Le traitement de première intention se portera sur la bonne hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité physique…).
• Les addictions : On ne devient pas addict du jour au lendemain ! Même si nous vivons dans une société de consommation, il faut avoir une vulnérabilité pluri-factorielle pout exprimer un jour cette pathologie chronique. L’addiction peut-être à une substance :
➢ Licite (tabac, alcool, médicaments)
➢ Illicite (cannabis, cocaïne, opiacés, nouveau produit de synthèse)
➢ Un comportement (jeux de hasard et d’argent, sexe, réseaux sociaux, jeux vidéo).
L’addiction se caractérise par un processus récurrent, comprenant un phénomène de consommation répétée puis l’installation progressive d’une dépendance physiologique.
Elle s’accompagne de signes de manque et d’accoutumance, d’une envie irrésistible de consommer, d’une perte de contrôle, d’un déni et de recherche du produit malgrés les risques médicaux, psychiatriques et psychologiques encourus.
L’addiction est reconnue comme une maladie psychologique qui est un véritable problème de santé publique car son traitement doit être multimodal en prenant en compte la personne dans sa globalité sans se focaliser uniquement sur son addiction.
Troubles associés au syndrome de Diogène
On retrouve des estimations variables quant aux relations entre le syndrome de Diogène et les troubles psychiatriques. Selon une étude de Halliday et al, 80% des personnes ayant un syndrome de Diogène, présentent des troubles associés.
Dans les troubles psychiques, l’accumulation d’objets fait fonction de contenant qui interviendrais comme une tentative de restauration.
Les troubles évoluant sans contrôle, pourrait aboutir à l’extrême négligence de l’hygiène corporelle et de l’habitat, caractéristiques du syndrome de Diogène et de l’incurie.
Pour cela, il est donc indispensable qu’une prise en charge globale soit mise en place avant d’effectuer un diagnostic pour améliorer les conditions de vie dans l’habitat (débarras, nettoyage, désinsectisation…).
Le syndrome de Diogène devient encore plus complexe quand celui-ci est un trouble associé à une maladie neuropsychique.
La personne atteinte de ce syndrome ne demandera aucune aide venant de l’extérieur et évitera les relations sociales pour ne pas éveiller les soupçons sur ses conditions de vie.
Un accompagnement psychologique avec la mise en place de soins adaptés sera donc à envisager si son logement doit être désencombré sans que ce soit trop difficile pour la personne.Devant la fréquence des refus d’aide de la part de ces individus, le libre choix interroge sur le point d’équilibre entre respect de la liberté d’autrui et devoir d’assistance de mise en danger.
A la découverte d’une personne vivant dans des conditions de particulière insalubrité, une évaluation médicale s’impose, car la découverte d’une pathologie psychiatrique sous- jacente pose clairement la question de réponses en termes de soins, au-delà de simples mesures sociales.
Dans tous les cas, il est primordial de prendre le temps de créer un espace relationnel de confiance avec ces sujets afin de les orienter en douceur vers un avenir plus serein .